Les plantes de La Rochebeaucourt cobayes du changement de climat
Article paru dans le journal Charente Libre du 11 août 2009.
Sur le plateau d’Argentine à La Rochebeaucourt, une équipe de l’université de Bordeaux étudie l’impact du réchauffement climatique sur la flore des prairies calcaires sèches.
Depuis le printemps, les pelouses sèches du plateau d’Argentine situé à La Rochebeaucourt sont l’objet d’étranges apparitions. A l’écart des chemins qui traversent le plateau, des drôles de constructions sont apparues. Au premier abord, cela ressemble à des sortes de serres recouvertes de bâches en plastique. Mais on ne trouve point de cultures en dessous et il y a de bizarres installations tout autour.
Explication: Jean-Paul Maalouf, doctorant en première année de thèse d’écologie appliquée à l’université de Bordeaux I, a jeté son dévolu sur le plateau aride de La Rochebeaucourt, pour y mener une campagne d’études. Sujet: l’impact du réchauffement climatique et son influence sur la flore des prairies calcaires sèches.
Une expérience placée sous l’autorité du professeur Richard Michalet, dans le cadre de l’unité de recherche «Biogeco» (Biodiversité, gènes et communautés) affiliée à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). Aidé par quatre stagiaires bénévoles, Jean-Paul Maalouf a installé huit serres de 14 m2 dispersées sur le plateau afin de mettre en évidence l’impact qu’aurait un réchauffement climatique. A noter que huit autres serres de même nature ont été placées à Saint-Sulpice-de-Mareuil. Ces équipements ont pour but de provoquer une baisse artificielle de la pluviométrie sur la flore herbacée, en empêchant la pluie d’atteindre le sol. Afin de pouvoir comparer les résultats, chaque serre possède son témoin contraire, non couvert et de même surface.
Des appareils à demeure enregistrent durant chaque heure les données hygrométriques de l’air ambiant, aussi bien sous lesdites serres qu’a l’extérieur. Des travaux qui doivent servir de bases scientifiques pour protéger la diversité biologique dans les écosystèmes cultivés et naturels.
A confirmer l’an prochain
«On sait que d’ici quelques décennies, les événements climatiques anormaux vont être de plus en plus fréquents à cause du réchauffement climatique, explique Jean-Paul Maalouf, et nous voulons comprendre leur impact sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes végétaux. Une étude qui devrait être renouvelée l’an prochain pour confirmer les résultats de cette année.
«Il s’agit de comprendre comment la biodiversité évolue en fonction du stress subi et l’interaction entre les plantes», ajoute Baptiste Regnery, un des stagiaires sur place.
Ces travaux d’études sont menés en collaboration avec le parc naturel régional Périgord-Limousin, gestionnaire de la protection et du développement du site, grâce à l’autorisation de la municipalité de La Rochebeaucourt.
Auteur : Claude RICHON
Proche de La Rochebeaucourt, le plateau d’Argentine est situé entre la D12 et la D939 à 140 m d’altitude. C’est un plateau calcaire chaud et sec, situé au milieu d’une région beaucoup plus humide et qui est de longue date pratiquement laissé à l’abandon. La nature y reprend peu à peu ses droits et seul un aéroclub y est le témoin d’activités humaines.
Cette situation lui vaut d’être très convoité par les scientifiques et les naturalistes de tout poil, car sa faune et sa flore y sont exceptionnelles, souvent de type méditerranéen. De plus, la biodiversité y est impressionnante.
Photo CL : Les serres installées sur le plateau d’Argentine pour créer un microclimat de sécheresse. A l’issue de l’expérience, Jean-Paul Maalouf constate le stress subi par les plantes.