Article de la Charente Libre du 27 juillet 2010
Le chantier de la déviation de La Rochebeaucourt démarre. Une épine en moins sur les axes Angoulême-Périgueux et Angoulême-Ribérac.
Rue de Ribérac à La Rochebeaucourt, en Dordogne. Sur les façades de la plupart des maisons, des panneaux «À vendre». Au bas de la rue, face à la mairie, la gouttière d’une habitation, pourtant fraîchement refaite, est arrachée. Sur la maison voisine, c’est la corniche de pierre qui a été en partie décrochée. À côté encore, les pierres sont rabotées. Ravalement de façade à la bâche de semi-remorque… Là, pour que deux camions puissent se croiser, il faut que l’un des deux recule… Ça coince au stop avec la route de Périgueux. «Et encore, c’est calme. On est en juillet», se désole Jean-Noël Lefranc, le maire.
Pourtant, au 1er juillet, l’espoir est revenu. Paradoxalement, ce sont des camions qui l’ont porté. Ceux qui transportaient les premiers remblais pour combler les terrains le long de la Lizonne. L’ancien maire, Yves Rousseau, en a rêvé pendant trente-sept ans de mandat. Son successeur a vu les travaux de la déviation démarrer. Sept cents mètres d’un contournement, à cheval sur les départements de la Charente et de la Dordogne, qui vont changer la vie des habitants.
Fin 2011, après un an et demi et près de 5 millions d’euros de travaux, les poids lourds en provenance de Ribérac et à destination d’Angoulême ne traverseront plus le bourg. Un an plus tard, c’est la route de Périgueux et le pont sur la Lizonne qui seront recalibrés, à partir du rond-point en construction. «Pour permettre aux poids lourds de se croiser», indique le responsable des routes au conseil général de la Dordogne.
La Rochebeaucourt et Argentine, 406 âmes aux portes du Périgord vert. Un joli bourg bâti sur un site gallo-romain, aux confins de deux régions, de deux départements. Un carrefour depuis toujours. Et c’est bien là le problème. «Vous n’imaginez pas la circulation des poids lourds», glisse le maire. Une sorte d’itinéraire bis pour les bahuts qui quittent l’autoroute et profitent de la route refaite entre Mussidan et Ribérac, qui évitent à l’occasion les contrôles de la RN 10…
«Des tonnes de projets»
Au fil des ans, les nuisances sont devenues telles que le bourg s’est désertifié. Le boulanger n’a pas trouvé de successeur, le boucher non plus. L’épicerie a tenu trois mois. «On dit que se situer sur un axe important crée de la richesse. Là, analyse le maire, les nuisances ont été plus fortes que l’attrait économique.»
L’enjeu de la déviation, c’est bien davantage que le calme retrouvé. «On a des tonnes de projets», avance Jean-Noël Lefranc, qui rêve déjà sa réfection de la traverse du bourg. «Il faut que les habitants se réapproprient leur village.» Des atouts, il n’en manque pas: 30 kilomètres d’Angoulême, une zone Natura 2000, une porte sur le parc naturel du Périgord vert. Le maire a déjà trouvé le point d’accueil du parc: la petite maison restaurée en bordure du pont sur la Lizonne.
Jean-Noël Lefranc met en avant le charme de son village, son église classée, le plateau d’Argentine. Il sait déjà où implanter le futur lotissement «écohabitat». «Dans un coin superbe, haut de gamme et social parce que les deux ne sont pas incompatibles.» Comme la restauration du presbytère. Des logements sociaux avec salon-cave voûtée, pompe à chaleur et jardin de curé, livrés fin juin. «On n’a pas eu de mal à trouver des locataires.» C’est désormais un employé communal qui tient le bureau de poste rénové et, sur les étagères, il y a un projet de boulangerie. Les subventions ont été accordées.
Le maire et ses adjoints veulent reprendre espoir. Donner l’exemple et «montrer que l’ancien n’est pas voué à la destruction». Puis faire sauter les panneaux «À vendre» du centre-bourg.
Auteur : Jean-François BARRÉ
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