Article paru dans le journal Sud Ouest du 18 août 2010.
La renaissance du village passera par la déviation
Depuis le 1er juillet, les travaux de la déviation, tant attendue, de la route venant de Ribérac vers Angoulême (RD 12) ont débuté.
A La Rochebeaucourt-et-Argentine, dernière commune de Dordogne avant de basculer en Charente, la réalisation d’une déviation, c’était l’Arlésienne. « Depuis les années 60, on en entend parler », s’exclame Jean-François Ducher, adjoint au maire.
Et pourtant, le 1er juillet dernier, les engins de terrassement et de chantier ont bien débarqué aux portes du village pour réaliser la première tranche de la déviation, sur le RD 12, l’étroite route qui mène de Ribérac à Angoulême.
700 mètres de goudron, un coût global de 6 millions d’euros et des travaux jusqu’en 2012, tel sera le prix à payer pour que la commune aux 406 âmes puisse enfin respirer et peut-être renaître.
« Entre l’église et la D12, les camions frôlent les volets et arrachent les corniches des maisons. Les routes n’étaient plus du tout adaptées au trafic. Une voiture et un poids lourd ne se croisaient pas », déplore Jean Martin, directeur des routes et du patrimoine paysager au Conseil général.
La première tranche de travaux sera achevée fin 2011 puis la seconde concernera l’axe Périgueux-Angoulême et la rectification du virage sur la D939.
Plusieurs atouts
« Nous sommes la seule voie en arrivant de l’ouest, précise le maire Jean-Noël Lefranc. L’été, la circulation est encore calme mais le reste du temps, avec l’usine de pierres CMP non loin, c’est une centaine de camions en rotations qui passent par la rue de Ribérac. Et depuis que la sortie Mussidan est ouverte sur l’autoroute, ça fait une jolie parallèle pour les camions qui veulent éviter la nationale 10 »
En cinq années, l’asphyxie a gagné le village. Les panneaux à vendre ont fleuri sur des façades grisâtres et les commerces ont tous fermé. Seuls résistent, un café, un coiffeur, une agence immobilière et l’agence postale. Pour le ravitaillement, les habitants sautent dans leur voiture direction Villebois-Lavalette en Charente voisine ou Mareuil. Le calcul est vite fait : 29 kilomètres pour gagner Angoulême contre 50 km pour la capitale Périgordine.
« Nous sommes une petite équipe avec onze conseillers. On ne peut pas tout faire. Nous sommes tous les jours sur les chantiers », reconnaît l’autre adjoint au maire, Jacky Cessat.
Petite équipe certes mais qui ne manque pas d’idées. Avec cette déviation, tous ont vu un moyen de faire renaître le village et de redonner ses lettres de noblesse à la porte d’entrée de la Dordogne et de l’Aquitaine, par l’ouest. « Nous avons deux axes : la rénovation du bourg et le potentiel touristique de la commune », souligne le maire, citant le plateau d’Argentine et ses orchidées, les quatre monuments classés, les atouts du Parc naturel régional Limousin ou encore les troglodytes et autres cluzeaux.
Une vitrine du Périgord
« Je veux que l’on reconnaisse ce village comme une vitrine du Périgord. Pour cela, l’entrée de bourg ne peut pas rester avec ces maisons fermées et cet alignement de bâtiments. Il faudra au moins dix ans pour que la commune retrouve du lustre », poursuit le maire, étalant devant lui, les nombreuses études réalisées pour le développement du village.
« Si nous montrons l’exemple, les gens vont suivre », tranche Jean-François Ducher. C’est pourquoi la mairie s’est engagée à aider l’installation d’une boulangerie, a refait le presbytère qui a trouvé des locataires dans la journée.
Un projet d’éco-lotissement est même dans les cartons pour attirer les couples dans la commune, située à une demi-heure en voiture du TGV pour Paris.
« C’est beaucoup d’énergie, de suivi, de moyens. Nous ne voulons pas faire n’importe quoi. Ce que nous imaginons sera peut-être poursuivi par une autre équipe municipale », lance le maire.
Après avoir attendu 50 ans sa déviation, il paraît logique que la cité en bord de Lizonne amorce un réveil en douceur.
Auteur : Julie Martinez
Article original : ici