Article paru dans le journal Sud Ouest du 8 juillet 2011.
Le contournement de ce village à cheval sur la Dordogne et la Charente est en construction. Il devrait être achevé fin 2012.
«Nous avons un vaste département, dont le tourisme représente la principale économie. Il est bon de marquer le coup lorsqu’on y pénètre depuis l’extérieur. » Bernard Cazeau, le président du Conseil général de Dordogne, prononçait ces mots hier, lors d’une visite d’un chantier routier à La Rochebeaucourt.
Ce village frontière, aux confins du Périgord et de la Charente, est traversé par une voie majeure : la départementale 939 qui relie Périgueux à Angoulême. De ce fait, la commune est une des « portes » d’entrée principale de la Dordogne.
« C’est réversible, s’amuse le président du Conseil général de Charente Michel Boutant qui était aussi à cette visite. C’est aussi une belle entrée pour la Charente. Notre département n’a pas la même réputation ou les mêmes sites que le vôtre, lance-t-il à Bernard Cazeau. Vous êtes pour nous une source d’exemplarité, tant sur l’archéologie que sur la conservation du patrimoine. »
« Le meilleur projet »
Pour l’instant, la « porte de la Dordogne » a piteuse allure. Étroite, la route est défoncée, sans trottoirs, et ses virages à angles doits la rendent dangereuse pour les poids lourds. En plus, l’endroit est passant : 3 500 voitures par jour, et près de 500 camions. Car La Rochebeaucourt est à un carrefour stratégique. C’est ici que la D 939 croise la D 12, qui plonge plein sud vers Ribérac puis Montpon-Ménestérol où elle rejoint l’A 89.
Cette D 12 est encore plus dangereuse et peu pratique que la D 939. Les camions ne peuvent pas s’y croiser, où en raclant les murs et les gouttières des maisons du centre du bourg qu’elle traverse. D’ailleurs, la plupart des bâtisses en portent les stigmates, avec du crépi ou des volets arrachés. Quant aux trottoirs, ils n’ont pas résisté aux manœuvres des camions. Yves Rousseau a été maire du village pendant une trentaine d’années. « Avant même que je sois élu, en 1971, on parlait déjà d’un contournement. »
Pendant ses multiples mandatures, il a vu passer sous ses yeux au moins trois projets, plus ou moins aboutis ou réalistes. Hier, alors qu’il visitait le chantier du contournement de La Rochebeaucourt, il était conquis : « C’est le meilleur projet qu’on puisse faire, selon moi. Il est largement mieux que les autres. »
Protéger les visons d’Europe
Bientôt, la traversée de La Rochebeaucourt ne sera plus qu’un mauvais souvenir pour les camionneurs. Depuis un an, le village est dans la première phase du chantier : le raccordement de la D 939 au nord, avec la D 12 au sud, en passant par le sud ouest du bourg. Le terrassement est terminé, et deux ponts ont déjà été construits, un sur la Lizonne, et l’autre par-dessus un petit canal.
Cet endroit, classé zone humide, héberge de nombreux batraciens et pourrait potentiellement accueillir des visons d’Europe, une espèce protégée. Et même si personne n’en a vu, la chaussée a été prévue pour que ces mystérieux mammifères ne périssent pas écrasés. L’ouverture de cette section est prévue pour la fin de l’année.
La seconde phase du chantier s’étalera sur tout 2012. Ce sera la traversée nord-sud du village sur la D 939.
On pourrait imaginer que le contournement du village porte un coup à son commerce. « Ça ne risque pas, avoue son maire Jean-Noël Lefranc. Nous n’avons plus qu’un restaurant à l’entrée du village que nous essaierons de préserver pour en faire un »routier ».»
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