Article paru dans le journal Charente Libre du 13 octobre 2011.
Un Australien lui a acheté une propriété à Jarnac, sans se déplacer Alors que le marché immobilier redémarre, Trevor Leggett mise plus que jamais sur internet.
Il était l’un des premiers agents immobiliers présents sur la Toile. À la fin des années 90, Trevor Leggett n’avait pas le choix. «En installant mon agence dans un bled comme La Rochebeaucourt [commune de Dordogne limitrophe de la Charente NDLR], où il n’y avait aucun passage, ça ne me coûtait pas cher. Mais ma seule chance d’attirer le client, c’était le net» reconnaît le pionnier britannique, du haut de ses 48 ans. Ancien entrepreneur, il profitait de sa connaissance du marché pour surfer sur le créneau de la résidence secondaire.
Une quinzaine d’années plus tard, avec ses seize salariés et 140 mandataires, il réalise 95% de ses ventes sur la Toile. Il passe la vitesse supérieure depuis une semaine en «faisant visiter la totalité du bien» sur son site, grâce à son propre service informatique. «En toute transparence» glisse-t-il, dans son bureau de La Rochebeaucourt. Un gain de temps et d’argent pour plus d’un million de visiteurs uniques par an.
«D’ici deux ans, nos 7.000 maisons – dont un millier en Charente – seront en visite virtuelle. Nos clients étrangers n’auront plus besoin de se déplacer. Ça économise aussi des heures et du gas-oil à nos agents. Le bénéfice écologique est pour tout le monde !».
Une clientèle qui reste en majorité britannique
Le professionnel anglais profite de la reprise pour rebondir. «Depuis 2007, c’était très difficile. Ça commence à repartir depuis quelques mois. Ces dernières semaines, nous avons eu de très belles ventes en Charente. Une maison de maître à 720.000 euros à côté de Châteauneuf; une autre à 550.000 euros à Malaville. Mais le gros du marché se situe encore entre 120 et 150.000 euros».
La clientèle de Trevor Leggett reste britannique «à 65-70%» contre 80% auparavant. La différence? «On vend de plus en plus aux Français qui rachètent les biens acquis par les Britanniques dans les années 2003 à 2006. La livre étant passée de 1,55 euro en 2005 à 1,14 euro, ils retournent en Angleterre en vendant 20% moins cher. Les Français en profitent pour acquérir des maisons bon marché. C’est le monde à l’envers!»
Cette tendance au retour est compensée par l’arrivée de nouveaux venus: «Des Britanniques qui cherchent des résidences secondaires devenues bon marché, mais aussi des Parisiens et des Belges qui apprécient le calme de la région». Ou encore: «des Américains, des Sud-Africains, des Indiens et même des Australiens». L’un d’eux vient d’acheter «une propriété de 400.000 euros à Jarnac, sans même la voir en vrai». La visite virtuelle gagne du terrain.
L’agent immobilier, qui a «retapé une ruine» à Rougnac pour y vivre, soigne sa vitrine internationale sans négliger le public rural. «3.000 panneaux ont été posés en campagne depuis le début de l’année». La marque de l’ancrage régional de ce polyglotte qui apprend aujourd’hui le chinois.
Article original : ici