Article paru dans le journal Sud-Ouest du 25 mars 2016.
L’agence créée par Trevor Leggett propose des maisons rurales dans la moitié de la France.
«Depuis ce matin, nous avons déjà fait neuf ventes », annonce Trevor Leggett en pianotant sur son ordinateur. Après 2015, qui avait été une très bonne année pour l’agence (1 100 propriétés vendues en France), 2016 débute bien chez Leggett immobilier. Nous sommes ici à La Rochebeaucourt-et-Argentine, frontière entre la Dordogne et la Charente, village qu’a adopté Trevor Leggett il y a bientôt vingt ans.
À 52 ans, il est aujourd’hui, avec une partie de sa famille (sa femme, un frère et deux sœurs), à la tête de l’une des grosses agences immobilières spécialisées dans les maisons en secteur rural. Avec une cinquantaine de salariés et 300 agents indépendants, il est présent dans 59 départements. « Nous sommes surtout présents dans le Sud-Ouest, la Bretagne et le Midi. Pour couvrir une grande partie de la France, nous aurons bientôt de 700 à 800 agents », pense le directeur fondateur de la société qui annonce 11 millions d’euros de chiffre d’affaires pour l’an dernier.
Au début, 98 % d’Anglais
Les débuts de Trévor Leggett dans le monde de l’entreprise en France n’ont pourtant pas été faciles. Originaire de Brighton dans le sud de l’Angleterre, il rénovait des maisons. « Je suis venu faire des travaux dans la maison achetée par un copain du côté de Cognac en 1988, et je suis resté. » Mais après avoir acheté un château qu’il a transformé en appartements, il a fait faillite : « Je ne connaissais pas encore le poids des charges françaises », soupire-t-il.
Il s’est retrouvé à vivre dans une caravane et a recommencé à zéro, associé avec un Anglais puis un Néerlandais, toujours pour rénover des maisons. « Un jour, nous avons trouvé qu’un agent immobilier faisait mal son travail et nous avons fondé une agence. La première s’appelait L’affaire française, ce qui n’était pas facile à retenir pour des Anglais. » En 1999 est donc né Leggett immobilier. « Au début, les Britanniques constituaient 98 % de notre clientèle. La clientèle des Français urbains et de l’étranger a depuis beaucoup augmenté. Nous avons aussi pas mal de clients allemands, néerlandais, belges, suisses… »
Il mise beaucoup sur le service d’accompagnement des étrangers pour les guider dans les méandres de la paperasserie française.
Le village revit
Arrivé par la Charente, Trevor Leggett a ouvert son premier bureau dans la rue principale de La Rochebeaucourt « parce que ce n’était pas cher ». Et il y est resté. Il a ouvert des agences à Saint-Émilion (33), Ribérac, Montignac et ailleurs en France, mais les bases de ce petit empire immobilier est dans ce village, dans l’ancien chapitre des moines construit entre le XIe et le XVIIe siècle.
Il a progressivement acheté des bâtiments qu’il fait rénover pour étendre ses services en pleine expansion : les contrats, la clientèle, le marketing, le recrutement, le call-center (le centre d’appel) pour les clients du monde entier sont dans de vieilles bâtisses aux poutres apparentes et planchers d’époque.
Une partie du château qu’il a aussi racheté sert aux formations et un bâtiment sera bientôt dédié à l’hébergement des stagiaires. Dans le village, les habitants sont ravis de voir revivre des maisons abandonnées parfois depuis des décennies.
Le succès sur Internet
L’entreprise a même son propre service informatique qui conçoit toutes les applications de la maison. « Dès le début, nous sommes allés sur Internet : ici nous sommes loin de tout. C’était ça ou mourir », souligne Trevor Leggett. Avec ses nombreux sites très bien référencés, il touche des clients dans le monde entier : « Le budget moyen d’un Américain c’est 650 000 euros, 220 000 euros pour un Anglais et 180 000 pour un Français. »
Chez Leggett, tous les employés sont au moins bilingues anglais et français, mais certains parlent jusqu’à quatre langues (allemand et néerlandais sont très utilisés).
Le fondateur croit très fort dans l’avenir, même si la campagne pour sortir la Grande-Bretagne de l’Europe l’agace. « J’ai gardé ma nationalité anglaise, mais je suis européen. Si le Brexit passe, je vais demander la nationalité française. »
Article original : ici